Parce que "HONTE A TOI CHOMEUR-SENIOR"
C'est un coup de gueule virulent, douloureux et désespéré que je veux pousser ; pour un homme en particulier, mais aussi, pour toutes les personnes qui se trouvent acculées à .... la faillite personnelle.
Lui, c'est un homme de 58 ans (je te vois sourire... c'est très vieux 58 ans), titulaire d'une belle Maîtrise en gestion "de cheplukoi", bref d'un brillant "bac+5" comme on dit aujourd'hui.
Son domaine ? le risque bancaire. Je sais, ça ne te parle pas, et c'est difficile à expliquer à un profane, alors je t'éviterai le cours magistral.
Il a toujours travaillé dans le domaine bancaire, en France, en Afrique, en qualité de salarié parfois, de consultant souvent.
Ah je ne vais pas te cacher que le second statut est nettement plus intéressant que le premier, mais là, n'est pas le sujet.
La situation étant ce qu'elle est, il en est arrivé à travailler toujours plus loin de son lieu de résidence, cumulant les frais de transport, logement ... ces choses qui font qu'un salaire confortable localement devient étriqué quand il faut accepter de "faire des concessions" pour trouver un emploi à 600 km de chez soi.
Un jour, cet homme s'est trouvé, comme 3 millions de ses compatriotes, au chômage.
Dans la mesure où cette situation est ressentie par certains comme une maladie honteuse, voire contagieuse, et parce qu'il ne voulait pas se voir "éjecté du système" il s'est attelé 6, 7, 8 heures durant, chaque jour, à la difficile tâche de "retrouver un emploi".
Ah les missions ne manquaient pas et il a envoyé des centaines de lettres personnalisées, de CV maintes fois remaniés !
Ce n'était qu'une question de temps se disait-il plein d'optimisme, regardant son parcours, ses compétences et le nombre d'offres chaque jour disponibles.
Les mois passèrent, des entretiens se passèrent "formidablement bien" avec des recruteurs "enthousiasmés par ses qualités", puis le silence, assourdissant qui suivait les entretiens (qui demandaient souvent des déplacements à Paris... centre du monde des affaires)
Ah, Pôle Emploi et sa petite conseillère étaient fort désolés de ne RIEN pouvoir faire pour lui, ni même lui prodiguer des conseils puisque son CV était "parfait" et qu'il n'y avait pas de raison qu'il ne retrouve pas un poste à sa dimension.
Voici que les 3 ans fatidiques sont passés, les derniers "chasseurs-de-têtes" rencontrés lui ont même proposé de travailler... au Luxembourg ou en Suisse.
OUIIIIIII, TOUT PLUTOT QUE CE QUI ALLAIT ARRIVER INELUCTABLEMENT !
Car ce qui allait arriver ce ne serait ni plus ni moins que LA FIN DE TOUT : un appartement en cours de paiement, dont les échéances ne pourraient plus être honorées, un véhicule... idem, les impôts à venir.... pareil, électricité, téléphone et juste le simple achat du strict nécessaire pour manger, une couverture médicale.
Fin 2014, ce serait le RSA, soit environ 500 euro.... 10 fois moins que son salaire (quand il en avait un).
Trois années de recherches INTENSIVES, de contacts, d'espoir, d'attente et puis de désillusion.
Pourquoi me diras-tu ?
Parce que cet homme, en plus d'être un excellent élément, cet homme est VIEUX, bien trop vieux pour inspirer confiance ou donner envie à un patron de 40 ans de lui donner sa chance. Il a 58 ans, et à 58 ans, tu es "périmé" (trop près de la retraite, trop loin de tes études, plus assez frais, plus assez fringuant)
Monsieur REBSAMEN, vous, le ministre du travail né en 1951, vous qui suspectez les chômeurs de se dorer la pilule aux frais du contribuable, je vous invite à rencontrer cet homme et je vous défie de convaincre un recruteur-junior de jeter un regard bienveillant à son CV.
Il a songé à proposer ses services comme serveur, garçon de café.... ( il parait que ce secteur est en recherche de 30000 personnes) mais curieusement, même si un besoin de personnel se fait sentir, n'importe qui ne peut pas s'improviser serveur ! Il faut une expérience solide pour gagner le SMIC !!!