Ce matin, je me suis réveillée partagée entre deux sentiments :

D'abord, la peur d'apprendre (parce que c'était inéluctable) que le père de Francis (oui, Francis, le père de Sébastien, Sébastien... mon fils... tu suis ?) s'était éteint après des mois de maladie sans traitement possible, "parce qu'il était trop faible".

Ensuite, la joie d'aller à Fuveau, au salon littéraire où j'allais rencontrer Baptiste Beaulieu (tu lis le post précédent et tu sauras qui c'est).

Pour le premier évènement, oui, il s'est produit ce matin, vers 5h... usé, malade et affaibli, mon beau-père s'est éteint.

Je me suis demandé quel terme était le plus approprié dans son cas pour dire qu'il était mort....

Mourir de sa "belle mort" ? ça, c'est l'expression que je trouve totalement stupide ! Qu'est-ce que la mort peut bien avoir de "beau" ?

On peut choisir sur catalogue entre une belle mort, une mort douce, rapide, lente, douloureuse, moche, avec confettis et paillettes ?

D'abord, qu'on le veuille ou non, on est déjà livré avec le mot fin dès le début !

Pour le reste, on peut dire "wait and see" ! Mais on est quand même assez.... démunis face à ce terme.

Un accident de voiture, 30 secondes et c'est fini ?

Une opération qui tourne mal.... on chope au passage un staphylocoque qui traînait dans le coin et on se décompose "de son vivant" ?

Un sourire, on fait un écart, on tombe dans le vide .... on attend les secours pour leur mourir dans les bras ?

Ou on est squatté par le crabe-dragon qui arrive en douce et s'installe comme chez lui, bouffant tout ce qu'il trouve sur son passage, un poumon, un foie, un cerveau.... et même des os (il n'est pas regardant lui). Il ne s'encombre pas de manières et il s'en fout de faire vite ou non, de faire mal ou non.... Là, commence le combat avec l'homme en blanc et ses potions et un bras de fer dont on ne connait pas souvent la vainqueur avant que l'arbitre ne lève sa faux !

On s'endort et on ne se réveille plus "coupez !!!!" comme dirait le réalisateur ! C'est horrible parce que si ça se trouve on avait encore des choses pas finies, des factures pas payées, les enfants qui devaient passer pour déjeuner ! Et puis on avait fini tout le repassage (merde, si j'avais su.... )

Bien sûr que je suis triste. Il était peut être ronchon, mais c'était un homme qui avait été modelé par la vie : ancien mineur de Lorraine, puis ouvrier d'usine..... pas une vie très facile, mais il l'aimait bien, comme il aimait sa femme et sa famille.

Pour ne pas laisser les nuages s'amonceler au dessus de ma tête, j'ai pris ma voiture et je suis allée à Fuveau (entre Aix en Provence et Aubagne). Le marché de la St Michel y est organisé en même temps que le salon littéraire.

Au son des fiffres et des tambourins, j'ai parcouru la rue principale, sous les platanes, pour arriver jusqu'aux écrivains qui attendaient ou se faisaient attendre !

Je voulais voir celui qui avait écrit les derniers mots que j'ai lus.

Je l'ai vu ce jeune homme de 30 ans, médecin (tiens, je ne lui ai pas demandé s'il était spécialisé ?) écrivain ! Un savoureux mélange et un sourire bienfaisant.

Il dispense le "câlin" comme personne ! Il passe quelque chose de plus que la politesse distante de l'auteur pour son lecteur. Il déborde de bienveillance, de chaleur humaine.

Pas de selfie parce que l'image qui s'est imprimée dans mon esprit est plus juste qu'une pose maladroite !

Je ne sais pas si c'est lui, la musique provencale, mais cette matinée à Fuveau a été un vrai morceau de bonheur hors du temps.

Je suis revenue avec bien sûr le 2e ouvrage de Baptiste

du miel au safran, des boucles d'oreilles en labradorite, le sourire et un peu de recul sur le début de ma journée.

Oui, la mort, c'est con et en plus on ne peut même pas choisir (je déteste qu'on m'impose les choses).

Et la vie est bizarre quand elle mélange dans la même journée un évènement triste et une bouchée de plaisir.....

Parce que la mort..... c'est con !

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